L'épouvantable dictature des Duvalier


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RASSEMBLEMENT

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MOTION DU 9 FÉVRIER

Les participants au RASSEMBLEMENT POUR LA DEFENSE DE LA DEMOCRATIE, DES DROITS HUMAINS ET DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE EN HAITI, réunis ce jour Samedi 9 Février 2002, au 120 Rue Lafayette à Paris, ont voté la motion suivante :
Nous dénonçons les violences à l'encontre des démocrates haïtiens qui ont eu lieu le 17 Décembre dernier, particulièrement contre des journalistes et des personnalités politiques. Nous condamnons les incendiaires qui ont détruit le CRESFED, l'Institut Français d'Haïti, de nombreuses habitations particulières d'opposants au régime d'Aristide, ainsi que des locaux d'organisations politique et syndicale.
Nous dénonçons avec fermeté les meurtres odieux des journalistes Jean Dominique et Brignol Lindor.
Nous appuyons le rapport de "REPORTERS SANS FRONTIERE" dénonçant et condamnant les actions menées contre la Liberté de la Presse en Haïti. Nous aussi réclamons des sanctions contre les personnalités du gouvernement haïtien impliquées dans cette politique de violation des Droits de l'Homme.
Cette motion sera remise aux différents groupes du Parlement Français, aux Responsables du Quai d'Orsay, à l'Ambassadeur d'Haïti en France ainsi qu'à l'Union Européenne, à l'OEA et à l'ONU.
Elle sera également envoyée au Gouvernement des Etats-Unis d'Amérique par l'intermédiaire de leur Ambassadeur à Paris.
Nous demandons à toutes ces instances de condamner le gouvernement haïtien, et de prendre les mesures qui s'imposent pour que de tels actes ne soient plus jamais commis.
Cette motion a été votée démocratiquement par l'Assemblée et adoptée à l'unanimité.
Paris le 9 Février 2002
Signatures des responsables du Rassemblement :
Gérald BLONCOURT (Président de l'Association Pour la Défense des Droits de l'Homme et de la Démocratie en Haïti et dans le Monde, plus connue comme "COMITE POUR JUGER DUVALIER) -
Jean Marc NUMA (Président Adjoint du Comité pour Juger Duvalier)
Alemy ILOFILS (Secrétaire du Comité pour Juger Duvalier)
Florence GAUTHIER (Trésorière du Comité pour Juger Duvalier)
Léon AUGUSTE (du Bureau du Comité pour Juger Duvalier)
Yves BENOT (du Bureau du Comité pour Juger Duvalier)
Paul Baron (de l'Association Pour Haïti)
Eliot ROY (de l'Association Pour Haïti)
Wilfrid READ (de l'Association Pour Haïti)

INTERVENTION DE GÉRALD BLONCOURT

RASSEMBLEMENT POUR LA DEFENSE
DE LA DEMOCRATIE,
DES DROITS HUMAINS
ET DE LA LIBERTE DE LA PRESSE
EN HAITI

Samedi 9 Février 2002
120 rue Lafayette Paris


Honneur et respect,

Bonsoir Mesdames, bonsoir Messieurs, bonsoir les enfants, puisque j'en aperçois quelques-uns parmi nous.
Mwen tèlman gen emosyon que, a swè a, m' ta renmen pale kreol, ki lang zantray mwen, ki lang natif-natal nèg Bainet, kote m' fèt.
Paske jou jodi sa, se you gwan mòman pou pèp dayiti. Se you mòman solidarite, you moman pou nou tout rélé kont sa kap pase lakay nou.
Se you mòman kote le mond antie dwe konen ke ayisyen ki chita en France pa dakò ak asasina, ak dife kap boule l'enstitu franse, kap boule Kresfèd, kap boule kay moun ki pa d'akò ak gouvènman a. Kap maspinen jounalist.
Kap boule konfyans nan la Demokrasi, kap boule menm l'espoa ke pèp la te genyen nan la libète leu Divalie te fout dechouke!
Men, kom gen ampil moun isit la ki pa kon pale kreol, map blige pale an franse pou tout moun kà tandem'.
Je traduis :
Ce soir, je me sens tellement ému, que j'aurais voulu parler créole, la langue de mes entrailles, ma langue maternelle, ma langue de natif-natal de Bainet, petit village aux abords de Jacmel.;
Parce que aujourd'hui est un grand moment pour le peuple haïtien. C'est un moment de Solidarité, un moment pour hurler contre ce qui se passe chez nous.
C'est un moment où les haïtiens demeurant en France doivent faire savoir qu'ils ne sont pas d'accord avec les assassinats, avec les incendiaires et les pilleurs qui ont saccagé en autre, l'Institut Français, ainsi que le Cresfed. Ils ne sont pas non plus d'accord avec ceux qui ont brûlé des demeures d'opposants au gouvernement. Avec ceux qui persécutent les journalistes.
Qu'ils ne sont pas d'accord avec ceux qui brûle aussi la confiance en la Démocratie, l'espoir en la Liberté, qu'avait tout notre peuple après le déchoukage de Duvalier !
Mais comme ce soir, ici, beaucoup ne parle pas notre langue, je vais reprendre en français le texte de mon intervention.
Sans trop de remord, puisqu'il ne faut pas oublier que le parler français est aussi, avec le créole, une de nos langues officielles.
Je poursuis :
De graves évènements sont venus une fois de plus meurtrir notre pays. Un soi-disant "coup d'état" survenu le 17 Décembre 2001, a servi de prétexte pour parachever l'oeuvre de destruction des forces démocratiques entreprise par les lavalasiens.
Depuis la mise en place, à la suite d'élections fortement contestées pour ne pas dire "frauduleuses", les meurtres succèdent aux meurtres. De nombreux militants d'organisations démocratiques, des journalistes, des personnalités, de simples citoyens, ont été et sont presque quotidiennement victimes de groupes se réclamant de "fanmi-lavalas".
La terreur règne. De nombreux démocrates menacés se cachent comme au temps de la dictature des duvalier. D'autres ont dû fuir. La presse est mise hors d'état de fonctionner normalement. De nombreux locaux d'organisations et des habitations particulières ont été incendiés. Le pouvoir veut à tout prix museler l'opposition. Les méthodes fascistes bafouent la Constitution. C'est une nouvelle dictature qui se met en place, aux vues et aux sus de l'Occident démocratique.
Il apparaît de plus en plus évident que les violences ciblées contre les organisations démocratiques (d'une telle ampleur et tellement bien orchestrées, en quelques heures, sur l'ensemble du territoire national) ne peuvent pas être considérées comme le fait d'une simple tentative de coup d'état, initié par un petit groupe d'hommes ayant tenté de s'emparer du Palais national.
Il serait ridicule de penser qu'une poignée d'individus auraient pu avoir la prétention de se saisir du pouvoir avec des moyens aussi dérisoires. Tout donne à penser qu'ils ont été manipulés. Comment d'ailleurs leurs voitures auraient-elles pu pénétrer aussi facilement dans l'enceinte du bâtiment ? Où sont actuellement ces hommes ? D'après les dépêches, ils se seraient, à l'exception d'un seul, évaporés dans la nature.
L'appel au calme et les déclarations des membres du gouvernement, faites (sans aucune forme d'indignation authentique) contre les meurtres perpétrés et les actes de sauvagerie des incendiaires, apparaît comme inscrits dans un scénario tentant de dégager la responsabilité des dirigeants haïtiens.
Yvon Neptune, Président du Sénat et Porte-parole de "Fanmi-Lavalas" a déclaré après ces odieux attentats: "Le Peuple a bien choisi ses cibles"...
Ceux qui ont brûlé les sièges des Partis Politiques ont manifesté à Port-au-Prince pour réclamer au pouvoir le paiement de leurs actions, montrant ainsi clairement l'implication du gouvernement auquel ils se sont adressé.
On voudrait nous faire croire que les organisations démocratiques et leurs principaux dirigeants sont en fait les instigateurs de cette soi-disant tentative de coup d'état. Quelle est la responsabilité du chef de l'Etat, Jean Bertrand Aristide, qui a prôné dernièrement la théorie de la "TOLERANCE ZERO" aussitôt suivie de meurtres de militants d'organisations démocratiques, d'assassinats de journalistes tel Brignol LINDOR.
Rappelons aussi le meurtre de Jean Dominique, un de nos plus grand et plus connu journaliste, dont on sait qu'il a été commis par des hommes de mains gravitant autour du Pouvoir.
Si le gouvernement a pu avec autant de facilité maîtriser les "assaillants" du Palais national, comment n'a-t-il pas pu intervenir pour protéger tant de bâtiments odieusement saccagés et les habitations de nombreux responsables d'organisations démocratiques, reconnues comme telles sur le plan international?
Le centre de recherche CRESFED, riche de documentation sur la Caraïbe et l'Amérique Latine, a été pillé et incendié, ainsi que l'Institut Français d'Haïti.
Il ne faut pas oublier que depuis le "triomphe" en mai 2000 du parti d'Aristide, la Famille Lavalas, aux législatives et aux municipales, est en proie à l'instabilité politique. Les partis de la Convergence ont dénoncé les scrutins et de nombreux donateurs, dont les Etats-Unis et l'Union européenne ont, sur cette base, gelé leur aide économique. Un ressentiment anti-Aristide commence également à naître au sein de son propre parti. Le pouvoir est secoué par une série de scandales.
La corruption éclate à tous les niveaux. En voici quelques exemples : Le Premier Ministre mêlé à des détournements de fond et au scandale du riz, a du démissionner. Plus de 117 millions détournés du fisc, pour aller dans les poches de personnages gravitant autour du pouvoir. Un jeune député proche de ce premier ministre démissionnaire a d'ailleurs accusé certain sénateurs de s'en prendre au premier ministre pour l'obstention de quota de riz importé. En somme, le véritable panier de crabes.
Un avis, affiché dans les banques à Port-au-Prince indique : "Tout transfert d'argent vers Western Union à destination de la Colombie ne doit pas dépasser les 1.100 dollars par personne et par jour".
Il y a-t-il une forte communauté haïtienne en Colombie ? Quel est le niveau du flux commercial entre la Colombie et Haïti ? C'est vraiment se moquer du monde.
En Octobre dernier, l'économiste haïtien Camille Chalmers indiquait que sur 50 tonnes de cocaïne qui aurait transité par Haïti durant les deux dernières années, seulement une demie tonne aurait été saisie. Qui s'enrichit ainsi sur le dos du peuple ? Tous ces gens compromis dans ces scandales sont en fait quelque part détenteur d'un pouvoir dans les organisme de l'Etat.
La liste n'est pas clause, et nous en aurions pour plusieures heures à tout énumérer.

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Il faut que le pouvoir accepte d'accomplir les engagements qu'il a pris devant les instances internationales (entre autres de refaire des élections honnêtes) et qui, non tenus, nous valent la suppression de l'aide des Etats-Unis et de l'Union Européenne.
Quelle belle occasion pour notre "Président", d'apparaître (à travers, ce que nous appellerons une "provocation" savamment orchestrée), comme celui qui tient bien tout en main et qui s'offre la possibilité d'appeller mielleusement au calme et aux valeurs démocratiques.
Nous dénonçons avec fermeté ces manoeuvres qui ruinent la cause de la démocratie en Haïti. Nous appelons tous ceux et celles qui font leur la cause des Droits de l'Homme, à faire échec à cette neo-dictature qui s'implante de plus en plus ouvertement dans le pays. Halte aux mensonges et aux déclarations onctueuses.

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Voilà brièvement résumées les sévères atteintes à la Démocratie en Haïti.
Pour garder à tout prix le pouvoir, le gouvernement veut réduire et museler ceux, qui par leurs enquêtes et leurs articles, dévoilent les dessous de ces opérations sordides. Tout a été mis en oeuvre pour bâillonner la Presse.
J'ai sous les yeux la liste des journalistes assassinés, menacés, ou qui ont du fuir le pays. Ils sont au nombre de 43 !!!! C'est énorme pour un petit pays !
Je salue ici la mémoire de Jean Dominique assassiné et dont le suspect N°1 de ce meurtre est toujours en fonction dans le gouvernement. Le juge qui suivait cette affaire, a dû s'exiler aux Etats-Unis, et le Président Aristide refuse de reconduire son mandat.
Tout est mis en oeuvre pour faire obstacle à la Justice.
Le journaliste Brignol Lindor lui, a été découpé à la machette. Un responsable du gouvernement, auquel on reprochait les attaques contre la Presse, a déclaré qu'on s'en était pris à lui non pas parce qu'il était journaliste, mais parce qu'il était membre d'un Parti de l'Opposition ! Acceptant donc, aussi cyniquement, l'idée même de son assassinat !
Sont présents ce soir, parmi nous, trois des journalistes qui ont dû fuir le pays et qui demandent l'asile politique au gouvernement français. Je vous prie de les saluer pour leur courage. Je vous demande en outre, de les entourer de votre solidarité.

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Dans un rapport extrêmement précis, détaillé, vérifié et documenté, le Secrétaire Général de "Reporters sans frontière" , Monsieur Ménard, qui s'est déplace en Haïti même, accuse, preuve à l'appui, 24 personnalité du gouvernement, dont Monsieur Aristide lui-même.
Il réclame contre eux des sanctions.
Nous aussi réclamons que ces personnes répondent de leurs actes, devant la Communauté internationale, puisqu'en Haïti il est impossible de les traduire en justice.
Je considère, personnellement, que le travail de "Reporters sans frontière" est un acte historique qui marque un tournant dans la façon d'aborder les problèmes haïtiens. Finies ces tergiversations pseudo-diplomatiques des gouvernements occidentaux, dont la France en particulier, qui finalement n'ont fait qu'accroître le pouvoir des assassins de notre peuple.
Des organisations telle France-Liberté de Madame Mitterand feraient bien de s'en inspirer.

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Tout démontre qu'en Haïti les Droits Humains sont bafoués, la Démocratie foulée au pied et la Liberté de la Presse, un vain mot.
Mais nous ne sommes plus au temps où les Duvalier, maintenus au pouvoir au vu et au sus de l'Occident démocratique, et avec sa complicité, pouvait terroriser, abattre les résistants et s'enrichir à millions de dollars, en toute tranquillité.
Les temps ont changé.
Un vaste courant international coule en direction de plus d'humanisme. Les informations circulent plus aisément, et tant bien que mal les Démocraties progressent vers plus d'équité.
Les héritiers du Duvaliérisme qui sévissent dans notre pays ne peuvent plus oeuvrer en toute sérénité.
Non, la dictature larvée qui tente de s'établir en Haïti n'arrivera pas à ses fins !
Nous sommes tous là, démocrates du Monde entier, à suivre pas à pas leurs manoeuvres, à les dénoncer, à déjouer leurs plans.
Nous pouvons aider plus efficacement ceux-là de nos frères et de nos soeurs qui luttent dans le pays, au péril de leur vie. Avec eux nous pourrons rendre possibles les grandes aspirations de la glorieuse révolution de 1804, dont nous allons bientôt fêter le bicentenaire.
Avant de conclure je voudrais indiquer que la Coalition Nationale pour les Droits des Haïtiens a sorti un rapport d'une extrême importance dont je vous citerais les titres des principaux chapitres
1- Liberté publiques : conquête menacées
2- Liberté d'expression : mise à mal
3- Entrave à la justice
4- Opération "Zéro tolérance" prônée par Aristide : porte ouverte au lynchage en plein jour.
5- La situation des défenseurs des droits humains : menacés et subissant des actes d'intimidation.
6- Sur le plan économique et sociale : constat désastreux
7- La corruption : scandales à tous les nivaux de l'Etat.
8- Dans le domaine de l'environnement : aucune politique. Intensification de la désertification.
Une grande organisation, Amnesty Internationale, qui mène un combat de tout instant pour les Droits Humains nous a fait parvenir la déclaration suivante:
"A l'occasion du Rassemblement du 9 Février 2002 "Pour la défense de la Démocratie, des droits de l'homme et de la liberté de la presse en Haïti" du Comité pour juger Duvalier, Amnesty International souligne la responsabilité du gouvernement en ce qui concerne l'avenir des droits humains en Haïti face à une série de défis sans précédent durant ces dernières années?
Amnesty International exhorte le gouvernement à prendre des mesures immédiates pour protéger les journalistes et les défenseurs des droits humains, à mener des enquêtes exhaustives sur toutes les menaces et les violences dont lis sont victimes, et à traduire en justice les responsables présumés. Des pressions politiques sont exercées sur la police et le pouvoir judiciaire ; ces institutions ne remplissent pas leur devoir de protection des droits des Haïtiens. Il est impératif que les autorités haïtiennes prouvent, par des actions concrètes, qu'elles sont réellement attachées au maintien des institutions indépendantes et de l'Etat de droit. L'enquête sur l'affaire Jean Dominique représente, en soi, un test crucial pour évaluer l'attachement d'Haïti aux principes relatifs aux droits humains.
Le président Aristide, les dirigeants des partis politiques, les élus ou les représentants de l'administration à tous les nivaux - qui appartiennent majoritairement à Fanmi-Lavalas doivent prendre, dans les plus brefs délais, des mesures pour stopper la détérioration de la situation des droits humains. Pour que ces mesures positives produisent un effet durable, le gouvernement haïtien doit clairement réaffirmer que les principes relatifs aux droits humains priment tout autre intérêt, en particulier en ce qui concerne le fonctionnement de la police et de la justice, ainsi que la protection des journalistes et des défenseurs des droits humains.
Les autorités haïtiennes doivent faire en sorte que les souffrances endurées sous la dictature militaire ne se reproduisent pas sous leur gouvernement. Les progrès accomplis en matière de droits humains ont coûté chers ; ils ne doivent pas être irrémédiablement perdu, conclut Amnesty International."

J'en profite pour saluer leur représentante, Madame Giraud, et vous demande de l'applaudir.

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Il y a encore beaucoup à dire. Mais je ne peux pas trop m'étendre.
Mon ami Jean-Marc Numa qui est notre Président Adjoint , saura, mieux que moi, dans son intervention, vous entretenir d'autres aspects qui fondent notre colère et décuplent notre volonté de tout mettre en oeuvre pour qu'Haïti retrouve les vraies valeurs humaines.

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Lorsque nous avons fondé notre Association pour la défense de la Démocratie et des Droits de l'Homme en Haïti et dans le Monde, plus connue sous l'appellation de "COMITE POUR JUGER DUVALIER" l'une des phrase du texte fondateur avait valeur de prémonition.
Nous disions, et je cite de mémoire, qu'il "fallait que Duvalier soit jugé, pour qu'il y ait valeur d'exemple afin d'arrêter le bras de ceux qui voudraient l'imiter".
Duvalier vous le savez est toujours en France et jouit paisiblement d'une partie de son immense fortune bâtie sur la misère de notre peuple... Il se rend, paraît-il, assez régulièrement en Normandie dans le haras d'une de ses amies. Mais les autorités françaises ignorent toujours où il se cache.... Hier, cela a fait 16 ans qu'il réside au Pays de la Liberté et des Droits de l'Homme. Il ne devait y rester que 8 jours, selon les déclarations embarrassées du Premier Ministre Français de l'époque. Et c'était pour arrêter un "bain de sang" ajoutait un autre grand dirigeant ... Je lui avais fait remarquer à l'époque que le "bain de sang" avait déjà eu lieu ... 60,000 victimes disent des sources autorisées .... Et le bain de sang a continué et se poursuit....
Ce qui se passe en Haïti maintenant, c'est que tous ces assassins ont repris du poil de la bête et occupent des postes importants dans l'Etat. Le Duvaliérisme n'a jamais été extirpé de notre société. Ce sont ses héritiers qui, pour l'instant, mènent le jeu.
En France, autrefois, on pouvait dire : Halte au fascisme ! Et les républicains clamaient haut et fort : "Le fascisme ne passera pas !"
À notre tour nous disons, avec nos amis qui luttent au pays : "Non ! Le macoutisme ne passera pas !"
Et avec le coeur encore serré en pensant au drame chilien, avec la même foi, nous crions aussi : "El Pueblo Unido, jamas sera vincido !"
Je rappelle cela, pour vous dire, ce soir, en toute confidence, que malgré le rappel de ces souvenirs à peine teinté de désespérance, jamais je n'abandonnerais ce peuple qui m'a vu naître. Cette Terre qui m'a donné le goût de vivre la tête haute. Cette patrie qui m'a inculqué le sens de la révolte contre les tyrannies et l'injustice....
Je vous appelle tous, haïtiens, français, latino-américains, à la solidarité avec ce peuple qui donna jour à la première grande victoire des esclaves et des affranchis, il y deux siècles. À ce peuple, qui a donné jour à d'immenses écrivains et à l'un deux dont j'ai juré de toujours rappeler la mémoire à chacune de mes interventions : Jacques Stephen Alexis.
Jacques la Colère comme nous le nommions, et qui tomba comme des milliers d'autres, connus et anonymes, dans cette terrible lutte que nous menons, quant à moi depuis 60 ans, contre notre fascisme haïtien.
Ensemble, défendons la Démocratie, les Droits Humains et la Liberté de la Presse en Haïti.
Jean-Claude Duvalier a dit un jour à des journaliste venus l'interviewer, avec le ton le plus méprisant et le plus condescendant qui soit, en parlant de moi : "Eh oui ! Il y a ce petit poète qui me harcèle ... "
Je me suis dit en préparant mon intervention de ce soir, qu'il faudrait qu'un de mes poèmes termine mon exposé. J'en ai eu très envie. Je vais donc vous dire un poème écrit à Port-au-Prince en 1986 dès la chute de la guignolesque et sanglante dictature de Baby Doc ...

JE HURLE A LA LUTTE

Je hurle à la lutte ô mon pays ma terre-natale Saline-cicatrice bidonvilles-crucifiés de l'aube aux nuits fétides chiens efflanqués affamés immondices désaffectées tôt ou tard dans l'obscurité mensongère cogne ma mémoire sur les tôles- ondulées aux vibrations d'orage bave ma rage de gangrène infectée odeurs puantes de caniveaux de mort prématurée d'enfants vides aux regards- remords lancinantes accusations d'un monde qui s'accouple avec l'Absurde villes-fantômes aux frontières de l'oubli mornes décharnés fièvres circulantes des tap-taps engrossés de détresses humaines d'ici de là-bas et d'ailleurs de Delmas défoncé sans autre cause que la folie meurtrière de cons hallucinés Carrefour Bizoton crevant sous la griffure empoisonnée d'une faim coriace permanente misère-vampire terreur des ruelles sans eau au goût de boue d'incertitudes gourdes aux lois du dollars piastres noires de crasse mains tendues et mendiantes au ventre plein d'un enfant à naître gousse d'ail des yeux implorant une aumône crevant l'incroyable l'insoutenable douleur de mon être angoissé toute ma rage ma colère se gorge de sève d'injustice vérole pour abattre la dysenterie des consciences ô mon pays d'azur palmes mornes écorces et racines mon doux pays d'amour mer bleue de tambour et d'espace pourquoi l'univers carcérales brûle-t-il tes vertus cancer d'injustice concert de détresse comment ne pas rugir et se battre ô mon peuple affamé pilé comme maïs pillé spolié écrasé torturé je donne mon baiser aux luttes populaires au Parti Soleil de Roumain d'Alexis de tous ceux aujourd'hui debout de tous ceux aujourd'hui mes frères aube certitude du matin à venir pour enrayer la mort je hurle à la nuit aux luttes décisives rassemblant la meute de tous les combattants je possède la force des convictions profondes et raisonnables je connais les sentiers raccourcis qui mènent du Bassin-Bleu de mes rêves à l'eau de pluie l'eau des puits et des fontaines l'eau pour boire l'eau goutte de rosée à l'eau claire de notre délivrance oui je connais les résonances ultimes et sourdes de mon peuple je connais les cachettes de ses espoirs les marelles de son enfance et les lagos agiles aux quatre coins de ses points cardinaux oui je sais les palmiers et les lianes je sais le pois-congo et le diriz-diondion les marigots et les ravines les cirouelles et le choux- palmiste je connais les rigoles et les lampes à pétrole je connais l'odeur chaudes des cassaves le piment-doux du rire l'akassan du matin je connais d'étranges filles dont les mots allumés vont porter nos demains oui je sais tous les miens médecins peintres et chômeurs qui ont bâti au coeur de tous les bayahondes notre espoir commun je hurle à l'émeute de nos âmes je hurle à la découverte du bonheur je hurle à mort l'injustice je hurle pour le pain la liberté les généreux possibles je hurle enfin et toujours à la lutte pour récolter l'amour.

Port-au-Prince- Décembre 1986
Merci de m'avoir écouté. Kenbe fèm ! Pa lage !

Gérald BLONCOURT